Michel Houellebecq a toujours aimé truffer ses livres de descriptions encyclopédiques et, à l’ère d’internet, l’écrivain a allègrement puisé dans Wikipédia pour dépeindre une ville ou une mouche dans son dernier roman « La carte et le territoire »..

Pas de plagiat dans cet exercice, assure son éditeur Flammarion, contacté par le site Slate.fr, qui a identifié au moins trois passages du livre comme étant des copies conformes de la notice de l’encyclopédie en ligne. Ces emprunts ne sont ni signalés dans une note en bas de page, comme ce peut être l’usage en matière d’édition, ni marqués par des guillemets.

« Michel Houellebecq utilise effectivement les notices et sites officiels comme matériau littéraire brut pour, parfois, les intégrer dans ses romans après les avoir retravaillés. Si certaines reprises peuvent apparaître telles quelles, ‘mot pour mot’, il ne peut s’agir que de très courtes citations qui sont en tout état de cause insusceptibles de constituer un quelconque plagiat, ce qui constituerait une accusation très grave », plaide la maison d’édition.

« Lorsque nous avons pu constater ces très rares reprises, nous avons remarqué que la source n’indique pas elle-même le nom des auteurs », poursuit Flammarion.

De fait, le « copier-coller » des notices encyclopédiques saute immédiatement aux yeux du lecteur quand l’auteur fait une description détaillée de la « mouche domestique », dresse le portrait d’un certain Frédéric Nihous ou présente la ville de Beauvais.

Ainsi, peut-on lire dans « La carte et le territoire »: « Les premières traces de fréquentation du site de Beauvais pouvaient être datées de 65.000 ans avant notre ère… ». Wikipédia écrit sur le même sujet: « Les premières traces de fréquentation du site de Beauvais datent de 65.000 ans avant notre ère… ».

L’écriture encyclopédique de Wikipédia, fondée sur le « consensus mou des contributeurs » correspond parfaitement au niveau de langage clinique et désincarné que Houellebecq se plait à utiliser dans certaines pages de ses romans, affirme Slate.

Ces emprunts « semblent réels, même s’il faut reconnaître que les parties empruntées sont d’une certaine banalité rédactionnelle », répond Wikipédia France interrogé par Slate.

L’écrivain semble avoir aussi emprunté des passages de son livre à des écrits du site du ministère de l’Intérieur quand il définit la profession d’un commissaire de police ou à une notice touristique quand il décrit avec humour l’hôtel « Le Carpe Diem ».

Je trouve ça dommage de tomber dans la facilité du copier-coller pour un romancier. Triste également pour Flammarion qui cautionne cette facilité intellectuelle.
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