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J’ai été impatient de lire la seconde page de Borinka, le nouveau roman de Pierre Drachline.

Loin du bling-bling contemporain, loin des strass et des paillettes de la rentrée littéraire. Mais, Il est sobre, authentique et à l’image de son auteur, attachant. J’ai dévoré le livre en une nuit. Il est passionnant.

Ce livre interactif a une force magnétique. Quelque chose d’irrésistible, passant outre « l’apparence » et les « apparences ».Ce roman, il est à l’image de cette librairie, « Aux Invendables » que décrit si bien l’auteur.

L’auteur peint une librairie qui est un « refuge pour auteurs oubliés avant même qu’ils ne meurent ». C’est un endroit clos, décrit magistralement, et qui nous conduit dans un univers parallèle. Le genre de librairie où vous aimez vous perdre. Ce genre de librairie où c’est le livre qui vous parle et vous demande de le choisir.

Fermez les yeux et écoutez tous ces auteurs qui se disputent sans fin, pour le plaisir du dernier mot ou le bonheur de la mauvaise foi.

Le libraire, Paul, est un misanthrope en mal de fraternité. Un grincheux, solitaire et loin de toutes les passions et insignifications de ce monde. Tout de suite, je l’ai regardé avec curiosité. En effet, une journée sans visiteur ne lui trouble en aucun sens ses vacances. Cet homme a trop de contradiction et cela lui occupe tout son temps.

Il est imperturbable. Cependant, l’improbable va arriver.

Paul verra bientôt sa vie enchantée après sa rencontre avec Borinka Grudig, un vieil homme au comportement d’enfant immortel qui a fait de la provocation un art de vivre. Juste pour le plaisir personnel. Ainsi, lorsque Borinka entre dans cette librairie, les deux se dévisagent. C’est un duel de mutiques. Il a des livres à vendre. Il propose au libraire de passer chez lui afin de les choisir et s’en débarrasser au plus vite. Le code de l’immeuble est « 18 06 1815 », date de la défaite de Napoléon à Waterloo… Le libraire accepte mais regrette aussitôt, de peur de perdre son « temps ». Comme s’il était si débordé.

Une amitié va naître. Celle-ci, faite d’orages, de rires et d’outrances aura pour terrain de jeux Paris. Une ville qu’ils voudraient réveiller afin qu’elle redevienne une cité turbulente où le mystère se réinvente à chaque coin de rue.

Ce roman est à lire impérativement. Il me fait penser à « L’enfant » de Jules Vallès. Celui-ci utilisa son personnage principal, « Jacques Vintgras » (usage du même initial) pour conter sa propre vie. Le roman autobiographique de ce dernier sera dédié « A tous ceux qui crevèrent d’ennui au collège ou qu’on fit pleurer dans la famille, qui, pendant leur enfance, furent tyrannisés par leurs maîtres ou rossés par leurs parents…. ». « Borinka » peut être dédié à tous ceux qui aiment la littérature, le livre papier et les auteurs, les vrais.

Pierre Drachline a été libraire. Il est éditeur aujourd’hui. C’est un éternel nostalgique et un profond révolté de l’injustice sociale. Il se fait rare, ce qui fait de lui quelqu’un être précieux. Comme Paul, le libraire des « Invendables ».

Pour info, Pierre Drachline a édité, en tant qu’éditeur, « Un silence d’environ une demi heure » de Boris Schreiber. Roman de 1100 pages, récompensé du prestigieux prix Renaudot en 1996.