Mon Père, Kioumars DERAMBAKHSH, est décédé le mardi 31 mars 2020 du Covid 19.

C’était un très grand artiste et un Père formidable à qui je souhaite rendre hommage.

La biographie de Kioumars Derambakhsh

Mon Père, Kioumars DERAMBAKHSH, est décédé à 74 ans du « Coronavirus – Covid 19 » le mardi 31 mars à l’hôpital Broca (Paris 13ème).

Sa mort restera comme un moment très douloureux tant par sa situation deshumanisante que par sa rapidité foudroyante.

Kioumars DERAMBAKHSH était un très grand réalisateur et cinéaste français d’origine persane (iranienne). Cinéaste, photographe et pionnier du film documentaire en Iran, il a réalisé plus d’une centaine de films.

Il est non seulement un artiste de grand talent mais aussi d’une gentillesse et d’un humanisme extrême. Un homme de culture qui avait beaucoup de valeurs, doué d’un grand sens de l’humour et un orateur d’exception, toujours proche du peuple et de la nature.

Kioumars est né le 25 décembre 1945, par un jour de Noël. Il neigeait. La deuxième guerre mondiale venait de se terminer. C’est peut-être pour cette raison qu’il s’est dirigé vers la réalisation de films pour la défense des opprimés, de l’environnement et de la lutte contre la guerre et l’injustice,

Enfant, il a été scolarisé à l’école franco-iranienne de Saint-Louis. Il y avait de nombreuses écoles de ce type à l’époque : Râzi, Jeanne D’arc, Madame Arica, … Parce qu’effectivement, c’était la culture française qui primait en ce temps-là. A Saint-Louis, on enseignait la langue et la littérature persane la moitié de la journée, et durant l’autre moitié, la langue et la littérature française. C’est ainsi qu’il s’est familiarisé avec l’histoire comme Charlemagne, la Révolution française ou encore les méfaits du gouvernement de Vichy dès l’âge de six ans. A sept ans, il s’amusait déjà à construire la Tour Eiffel en maquette.

Cette école projetait également deux fois par semaine des films français. Des classiques comme ceux de Jean Rouch ou encore des documentaires variés. Ces derniers lui ont beaucoup apporté, au point de déterminer son parcours professionnel. Kioumars faisait effectivement partie de la troisième génération des écoliers issus de cet institution. Anecdote amusante : Nimâ et Hedayat avaient précédé sa venue. Sur la banquette même où il avait l’habitude de s’installer, il y avait leurs signatures, ce qui l’a amené plus tard à faire deux films sur la vie de ces deux immenses écrivains.

Mais un événement tragique va tout faire basculer.

En février 1979, la révolution islamique éclate en Iran. Mon Père et ma Mère, enceinte de mon frère jumeau (Sia) et de moi, décident de venir en France, pays des Lumières. Mon Père connaissait bien puisqu’il avait couvert les événements de Mai 1968 en prenant des photos pour le magazine « Paris Match » et différentes agences de presse. Il était déjà très ami avec les grands artistes et intellectuels iraniens comme Abbas Attar, Reza Deghati ou encore Abbas Kiarostami.

Du fait de ce parcours humaniste et bienveillant, Kioumars s’est souvent ainsi exprimé sur la condition de la classe ouvrière dans des discours engagés et militants.

Au Festival des Arts de Shiraz à Persepolis, il reçoit le prix du meilleur film pour « les Chameliers du Désert » qui est le tout premier film qu’il réalise à l’époque. Un documentaire qui reflète clairement sa pensée et son engagement pour la défense du peuple.

« Le Voyage du Printemps » qui raconte les derniers jours de la vie de Sadegh Hedayat, « La Chouette Aveugle » et Nima Youchidj, grande figure de la poésie contemporaine iranienne, sont tous des films qui témoignent de l’intérêt qu’il porte pour les grands maîtres de la littérature persane.

Kioumars va ensuite continuer son travail dans le « cinéma documentaire » en valorisant le travail des mineurs ; des hommes qui mettent leur vie en danger dans des mines de charbon ou des pierres de turquoise. Ce documentaire s’interroge sur leur identité et leur sécurité pour mieux dénoncer leurs conditions de travail et les maladies qu’elles peuvent provoquer.

Pendant des années, accompagné de son épouse Soraya (Sarah), il part à la visite des villages et de la vie traditionnelle des nomades en Iran. Ce couple aura été soudé durant une cinquantaine d’années. Ils symbolisent à eux la véritable définition de l’Amour et des valeurs du couple.

A travers ses films, Kioumars raconte une aventure humaine pour valoriser les communautés Bakhtiari, Turkmènes, les tribus Qashqais, les temples Zoroastriens ou encore la magnifique communauté juive en Iran. Il a ainsi fait un documentaire fabuleux sur le Tombeau de la Reine Esther et Mordecai, tous deux enterrés en Iran.

Il avait beaucoup d’affection et d’amour pour les autres au point de les valoriser.

Kioumars Derambakhsh se sensibilise plus tard aux enjeux de l’écologie, au climat et à l’environnement.

En 1992, il réalise donc le film « Attention », avec la participation de son frère Kambiz DERAMBAKHSH (grand caricaturiste et dessinateur, décoré Chevalier des Arts et les Lettres en 2014). Ce film sera diffusé en prime time sur France 3.

Il réalisera également un autre chef d’œuvre cinématographique, « Les Respirations de Maryam » ; l’histoire vraie d’une jeune fille de la Province de Téhéran, atteinte d’une maladie de la respiration due à la pollution.

Enfin, il a également rendu hommage à un grand personnage : Eugène Napoléon FLANDIN, explorateur et peintre français.

Kioumars DERAMBAKHSH est né à Téhéran et il nous a quitté à Paris dans le 13ème arrondissement, lieu de notre naissance à moi et mon Frère. Tout un symbole pour cette transmission du flambeau qui nous oblige dorénavant. Il est enterré dans la ville de Courbevoie (92). Il laissera un grand patrimoine culturel à son actif. A nous de le cultiver et le transmettre dorénavant.

Petit, lorsque nous prenions le métro avec mon Père, il aimait nous dire lorsque nous arrivions à la bonne station : « Terminus, tout le monde descend ».

Mon cher Père, nous nous retrouverons forcément sur un quai ensemble. Pour fêter la Gloire de mon Père.

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